La céramique, tour d’horizon !
Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à la céramique, c’était avant tout attirée et éblouie par la beauté des œuvres, sans connaitre grand chose de leur processus de fabrication. J’ai eu la chance, grâce aux artistes-céramistes rencontrés, leur générosité, leur sens du partage et de la pédagogie, de pouvoir découvrir les coulisses de ce savoir-faire. Je dois dire que j’étais loin d’imaginer les mille possibilités qu’offrent cette belle discipline. Diversité des terres, techniques de façonnage, types de cuisson, infinie variété des émaux existant et à créer, autant de facteurs qui conjugués permettent la naissance d’œuvres, toujours différentes et renouvelées…
Aujourd’hui la sélection de pièces en céramique offerte par Galerie Marguerite permet un bon aperçu de la diversité de ce bel art, en termes de matières comme de techniques. Je peux ainsi à présent partager avec vous ces bases acquises sur ce métier d’art si apprécié par les clients de Galerie Marguerite. D’ailleurs, pour rédiger cet article, j’ai choisi de partir des questions posées par ces clients, toujours amateurs d’artisanat d’art et souvent curieux des savoir-faire. Quelle différence entre porcelaine et faïence ? Qu’appelle-t-on le biscuit en céramique ? Qu’est-ce que le Raku ?…
Cette présentation de la céramique ne sera pas exhaustive bien sûr. Elle a simplement pour vocation de donner quelques repères et définitions, sous 3 angles : la matière (première), la manière (le façonnage) et le changement d’état (la cuisson et l’émaillage).
L’art et la matière : Quelles sont les terres utilisées en céramique ?
Tout d’abord la matière, à la base de tout…
La porcelaine, beauté, finesse et solidité
Pour cette présentation des terres utilisées en céramique, commençons par la porcelaine. Cette argile est souvent considérée comme la matière première la plus « noble » de la céramique, en raison de ses propriétés esthétiques : elle est translucide, fine, très blanche… La porcelaine est en outre très résistante, contrairement à l’idée que l’on s’en fait. Elle peut se fendre ou se briser bien sûr, mais jamais ne s’ébrèchera… Pas d’éclats disgracieux avec cette belle matière ! Sa beauté et sa résistance ont un prix cependant : la porcelaine est aussi plus chère que les autres terres.
Les artistes jouent souvent avec la transparence de cette matière, en réalisant des pièces qui permettent à la lumière de filtrer. Ainsi Jinjin Sun, Atelier Murmur, crée des œuvres diaphanes et translucides, d’une finesse incroyable, Deux autres artistes chez Galerie Marguerite travaillent exclusivement la porcelaine : Yuko Kuramatsu et Rita Rogers.
Le grès aux multiples déclinaisons
Le grès est une argile dense et résistante. Sa couleur naturelle varie du beige presque blanc au brun presque noir. Grès blanc, grès de Saint-Amand (une région potière au cœur de la Puisaye), grès lisse, grès chamotté (argile avec de petits grains de terre cuite, qui donne un effet texturé et plus de résistance des pièces à la cuisson), grès rouge… : le choix est grand et l’éventail des possibles presque infini… Chez Galerie Marguerite, Sara Mauvilly est la reine du grès : elle en utilise de très nombreux types.
La faïence ressemble à sa grande sœur la porcelaine. Elle est cependant bien plus fragile. Les pièces en faïence, souvent réservées à des fins utilitaires, notamment la vaisselle, permettent de proposer des pièces peu coûteuses. La faïence a une longue histoire en Europe, en particulier en Italie, en Espagne et au Portugal, où elle est par exemple traditionnellement utilisée pour créer des azulejos (carreaux de faïence décoratifs). Cette argile doit d’ailleurs son nom à la ville italienne de Faenza. Pour l’instant pas ou très peu de faïence chez Galerie Marguerite, à part quelques pièces d’Agnès Nivot, mais cela (re)viendra peut être !
Pour découvrir les œuvres les différents artistes-céramistes, rendez vous dans la boutique en ligne de Galerie Marguerite :
L’art et la manière : quelles sont les principales techniques de façonnage utilisées en céramique ?
À partir de la matière, la technique. Ou plutôt les techniques, car là également le choix est très grand !
Le modelage et l’estampage
Parmi les modes de façonnage, le modelage est sans doute le plus ancien, car le plus direct et celui demandant le moins d’outils ou équipements. Les céramistes sculptent l’argile à la main, en utilisant des méthodes variées comme le pincement, le colombin (utilisation de longs boudins d’argile pour donner la forme de l’objet à créer) et la plaque (utilisation de plaques d’argile, assemblées ou montées ensembles). Par exemple chez Galerie Marguerite, Rita Rogers façonne ses plateaux en porcelaine avec la technique du travail à la plaque.
Vient ensuite l’estampage qui permet de créer des formes en utilisant des moules. Cette technique permet de produire des éléments à la fois similaires par leur forme ou leur gabarit, tout en créant des variations subtiles. La terre, diposée dans un moule ou sur un modèle, prend sa forme. Chez Galerie Marguerite, les coupelles-bols de Lise Meillan en sont une très bonne (et très belle !) illustration. Lise dispose la terre dans des contenants arrondis, au préalable recouverts de tissus, dentelles ou végétaux. La terre sèche en prenant la forme et l’empreinte de son contenant, avant d’être cuite une première fois, puis émaillée. Emmanuelle Musset, notamment pour son service créé pour Galerie Marguerite, utilise également l’estampage. Elle ajoute parfois des détails gravés à l’intérieur ou l’extérieur de ses pièces, comme pour sa collection Palazzo.
Le tournage et le coulage
Le tournage de l’argile à la girelle est également une technique classique, qui remonte à l’Antiquité. Cette méthode permet aux potiers de créer une variété de formes en faisant tourner une roue (la girelle) à une vitesse constante. Ils commencent avec une boule d’argile centrée sur la roue. Ils utilisent leurs mains, des outils de modelage et des instruments spécifiques pour donner forme à la pièce. Le tournage offre une précision exceptionnelle et permet de créer des pièces symétriques comme des bols, des assiettes ou des vases. Les variations de pression des mains et la vitesse de rotation influent sur la forme finale de la pièce, offrant au potier un contrôle créatif unique.
Enfin, dans les principales techniques, le coulage est un processus de fabrication très utile pour produire des objets en céramique avec une grande précision et une finition lisse. Ce processus passe par la création d’un moule en plâtre ou en silicone . On remplit ensuite le moule de barbotine (argile liquide). La barbotine repose le temps qu’une couche uniforme se forme. Le liquide excédentaire est vidé, laissant la forme de la pièce à l’intérieur du moule. Après un temps de séchage, la pièce peut être démoulée, nettoyée et cuite. Le coulage en céramique permet de produire des objets complexes avec des détails fins et une grande uniformité. Cela en fait une technique précieuse dans la fabrication d’une variété d’articles céramiques utilitaires ou décoratifs. Chez Galerie Marguerite, c’est la technique principale utilisée par Jinjin Sun, Atelier Murmur et Rita Rogers.
L’état de l’art : cuisson et émaillage en céramique
Pour compléter cette présentation de la céramique, intéressons-nous à présent à la cuisson e à l’émaillage.
La cuisson est une étape cruciale qui influence l’apparence et la solidité des pièces. On utilise trois principales sources d’énergie : le feu de bois, le gaz et l’électricité.
La cuisson au feu de bois est une méthode traditionnelle qui confère aux céramiques une beauté particulière. Les pièces sont placées dans un four alimenté par du bois. Les flammes et la fumée réagissent avec les émaux, produisant des effets imprévisibles de couleur et de texture. Ce type de cuisson requiert des installations particulières : fours extérieurs alimentés manuellement et pendant un longue durée. À La Borne, haut lieu de la céramique en France, les « grands feux » annuels permettent la cuisson en commun de pièces par différents céramistes.
La cuisson au gaz ou électrique est une technique plus contrôlée. Elle permet un ajustement précis des températures. Elle offre une régularité dans le processus de cuisson, sans l’influence imprévisible du feu de bois. Les fours au gaz permettent cependant de conserver l’avantage de pouvoir utiliser la fumée pour le décor des pièces. En outre les fours à gaz et électriques ont un avantage pratique notable : ils sont faciles à installer dans un atelier.
Qu’est que le biscuit ?
Les clients de Galerie Marguerite m’interrogent souvent sur le sens du mot « biscuit » dans l’univers de la céramique. Ce terme se réfère à une étape spécifique du processus de fabrication. La pièce est formée à partir d’argile, puis séchée à l’air pour éliminer l’humidité excessive. Intervient alors la première cuisson au four. Cette cuisson initiale, également connue sous le nom de cuisson à cru, transforme l’argile en céramique dure mais non vitrifiée, ce qui la rend plus solide. C’est cet état que l’on nomme biscuit. Lors de cette première cuisson, on peut appliquer une “engobe”, argile liquide, colorée, qui permet de décorer la pièce. Donc un biscuit n’est pas forcement blanc, comme on le pense souvent ! Et ce « biscuit » sera en général soumis à une deuxième cuisson pour former l’œuvre finale. C’est lors de la deuxième cuisson que la pièce sera émaillée.
Ce sujet est l’occasion de revenir sur le travail de Lise Meillan. La beauté et l’unicité de ses émaux vient du double usage de l’engobe et des émaux. Lise applique tout d’abord une engobe colorée sur ses pièces crues, avant la première cuisson. Puis elle utilise un émail transparent, contenant différents oxydes, lors de la deuxième cuisson. Brillance, reflets, cristaux comme de la neige ou comme de petites fleurs, apparaissent et émerveillent ses clients.
Émaux émois
Les émaux jouent un rôle crucial dans l’art de la céramique, ajoutant couleur, brillance et texture aux formes créées. Ces revêtements vitrifiés sont composés de silice, de feldspath et d’oxydes métalliques. Les émaux, appliqués sur la surface des pièces avant de passer au four, fusionnent avec l’argile lors du processus de cuisson. Les céramistes ont accès à (ou très souvent créent eux-mêmes) une vaste palette de couleurs et de finitions. Des émaux opaques aux émaux transparents, des glacis brillants aux surfaces mates… les choix sont nombreux.
Les émaux ont tout d’abord une fonction : protéger. Leur utilisation permet de préserver la pièce de l’humidité et de la rendre résistante aux taches.
C’est l’émaillage qui garantit l’étanchéité des pièces. Un ponçage très minutieux peut aussi permettre cette étanchéité, comme pour les pièces de Yuko Kuramatsu, qui a choisi de garder la belle matité de la porcelaine pour ses oeuvres et qui pour cela les polit longuement.
Cependant, on apprécie avant tout les émaux pour leur faculté à magnifier les objets. Certains céramistes utilisent des émaux réactifs qui réagissent de manière imprévisible avec d’autres émaux ou simplement avec la fumée lors de la cuisson au feu de bois, créant des effets uniques et fascinants. C’est le cas chez Galerie Marguerite des Graines d’ange de Javier Torrès Lopez. Les artistes peuvent également expérimenter avec différentes techniques d’application, par trempage, au pinceau ou par une pulvérisation, pour obtenir des résultats variés.
Cristallisation et Raku
Les émaux ne sont pas seulement une touche finale esthétique, mais bien une expression de créativité et de personnalisation des créations. Chez Galerie Marguerite, certaines céramistes sont réputées pour leurs émaux. Sara Mauvilly, qui a conçu une série d’émaux personnels, avec notamment une palette de bleus merveilleux. Lise Meillan, qui à chaque collection orne ses coupelles d’émaux cristallisés chatoyants. Ou encore Sylvie Souton-Chany, qui manie avec un talent inouï la technique du raku : ses émaux reçoivent un choc thermique à la sortie du four qui les craquèle pour des œuvres uniques et magnifiques.
J’espère que cette présentation générale de la céramique, magnifique métier d’art, vous aura intéressé(e). Je reste consciente que mille secrets de cette discipline, complexe et précise, me restent encore inconnus, ou à découvrir, et c’est très bien aussi ! Ce panorama sera approfondi et dans de prochains articles. Écrivez-moi pour me donner votre avis, et vos suggestions à ce propos. Cela me permettra de compléter cet article, ou d’en rédiger d’autres , avec grand plaisir !
Frédérique, fondatrice et gérante de Galerie Marguerite